Grands rêves

1892

Consultez notre grand
Dictionnaire des reves
en ligne

Grands rêves

Dans les quelques grands_rêves dont le rêveur est amené à faire la connaissance, il sera mis en face de contenus psychiques d’une grande importance qui prennent forme d’une manière fort saisissante. Après une courte introduction qui se rat^. tache encore aux événements du jour, au monde de l’actualité, tout ce qui se rapporte à l’expérience personnelle du rêveur disparaît. Les problèmes qui occupent le présent font place à un monde de forces élémentaires de la nature et de l’esprit qui sont décrits dans un tableau grandiose.

Comme nous l’avions déjà indiqué, le grand rêve ne parle plus qu’un langage symbolique se rapportant à un condensé d’expérience humaine ; il se sert du mouvement saisissant propre aux images ancestrales. Par-ci par-là quelques éléments plus proches de la conscience s’y imbriquent qui se rapportent à notre expérience personnelle. Le rêveur lui-même avec son moi, peut être amené à faire partie du grand rêve. Il est alors comme le spectateur d’une pièce qui rappelle les mythes et les légendes et avec laquelle, hormis sa présence, il n’a guère de contacts.

Ce qu’il voit est d’une étonnante beauté, comparable à la très grande poésie, mais parfois aussi terriblement ténébreux et chaotique. Il peut être entraîné dans la lumière dévorante d’un grand soleil, amené dans des paysages merveilleux et il peut faire la rencontre d’êtres humains et d’autres êtres qui leur ressemblent mais qu’il n’a encore jamais vus; il peut se voir précipité daiis une situation d’épouvanté primitive. ? Dans ces rêves, on rencontre les puissances de l’existence. Les animaux commencent à parler, les arbres de la vie protègent puissamment une merveilleuse floraison, on S’embarque sur une mer inconnue, les périls du désert sont surmontés ? si le rêve figure un,destin favorable, ? et une entreprise par ailleurs impossible est réalisée. On se retrouve parmi l’acre odeur du sang de la bataille, face aux traits convulsés du criminel ou dans le monde éthéré de l’esprit pur ; on passe devant la mort, on devine les quelques grands dons que peut nous offrir4a vie. Voici deux exemples qui donneront une idée à ceux qui ne peuvent se rappeler avoir fait des rêves analogues : dans l’un de ceux-ci, le rêveur sortait de sa maison sombre et pénétrait dans un grand vignoble ; les plants portaient de magnifiques raisins noirs et le rêveur lui-même était revêtu de la robe d’un seigneur de l’antiquité. Au-dessous du coteau se faufilait la petite route pour les chariots. Il y avait une ville tout au fond. Lorsque le rêveur voulut traverser le vignoble pour retrouver la route, il vit sur celle-ci un lion imposant et magnifique. Le rêveur dans sa noble robe et le royal animal se regardèrent longtemps : puis tous les deux prirent la décision ? de telles décisions ont presque une valeur divine ? que pour le moment le vignoble reviendrait au rêveur et la route au lion. ?? II est utile d’ajouter que vin et vignoble sont des symboles de fécondité spirituelle, tandis que le lion représente un des aspects les plus intenses des forces instinctives.

Un homme eut le rêve suivant ?- après une période de dépression due à un travail scientifique trop unilatéral et à une relation personnelle absorbante ? rêve qu’il fit au moment de sa renaissance psychique : d’une motte de terre noirâtre sort une boule bleue, magnifique comme un soleil. La boule s’ouvre et devient un récipient cristallin duquel sortent quatre serpents qui portent une coupe ; les serpents se tournent vers l’intérieur. De la coupe sort une colonne de cristal qui s’élargit en une deuxième coupe supportée par quatre lions tournés vers les points cardinaux du ciel. De nouveau une colonne de cristal s’élève et à son sommet repose un diamant aux facettes multiples et resplendissantes.

Il y a un moyen très simple pour savoir s’il s’est agi d’un grand rêve pendant la nuit : il y a en nous comme une obligation de le raconter à autrui, il nous est impossible de le garder pour nous. Chez les peuples primitifs, ces rêves sont regardés comme un message venant des dieux ou des démons ; toute la tribu y participe car le rêve a été fait à son intention, il contient des indications qui se rapportent à un avenir immédiat et manifestement chargé d’événements.

Chez nous aussi, quelqu’un s’exclame tout à coup et dit : « Au fait, mais j’ai eu un rêve étrange cette nuit ! » et se croit obligé de le raconter à son interlocuteur.

Il est tout à fait normal qu’un grand rêve soit communiqué car il appartient à tout le monde. En le racontant, le rêveur atténue cette sorte d’interdit qui pesait sur lui ; la grande quantité d’énergie vitale concentrée dans le rêve se défait, la tension se relâche parce qu’elle s’est en partie déchargée.

Il est évidemment préférable de raconter un tel rêve à quelqu’un qui est familiarisé avec l’interprétation. Dans le premier cas, il est vrai, la tension diminue, le rêve, ramené à la conscience, ne manquera pas de produire un certain effet. Mais on ne pourra s’approprier les fruits de ce grand et peut-être terrible rêve qu’en les récoltant et les examinant soigneusement ; c’est alors qu’ils deviennent un aliment d’une étonnante richesse.

La plupart des hommes ne font qu’un nombre restreint de grands rêves au cours de leur vie. Ils retiennent par exemple un de ces rêves qu’ils ont fait au cours de l’enfance. Il est à remarquer que c’est vers le milieu de la vie et puis de nouveau au seuil de la vieillesse, lorsque s’opèrent d’importants changements dans le comportement individuel qu’apparaissent de préférence ces grands rêves. Ils sont retenus par la mémoire, mais le plus souvent comme des phénomènes bizarres et absurdes.

Nous reprenons : les grands rêves sont la figuration de ce que nous qualifions d’important, de saisissant, de riche et de vivant. Ils apparaissent en face de nous comme une entité indivisible. Devant la grandeur d’une telle silhouette, nous pouvons avoir très peur, la conscience peut menacer de rompre car ces images contiennent la force inhérente aux métamorphoses, celle qui participe à la vie et à la mort ; ils sont de grandioses jugements du passé, ils apportent le plan et le message d’une vie nouvelle. L’homme a raison de craindre l’ampleur et la gravité de cette voix qui appelle l’âme comme le ferait un dieu. Ce fut en frissonnant qu’au cours de l’histoire prophètes et prédicateurs ont accepté les messages divins qui leur furent transmis par les visions et
les rêves.

Voici quelques mots au sujet des « beaux » rêves. Il arrive que l’on rencontre des gens dont le moins qu’on puisse dire est que leur façon de vivre n’est pas un modèle d’ordre et de volonté. Ce sont des êtres souvent fort inofîensifs, parfois des natures d’artiste qui s’ignorent. Ils font les rêves les plus fantastiques et se perdent dans une contemplation de ceux-ci proche de la fascination, heureux d’être délivrés des soucis quotidiens. Leurs énergies semblent peu à peu confluer vers l’inconscient et vers sçs rêves. Le danger d’une véritable aliénation de la réalité apparaît ; l’homme devient un « rêveur ».

Mais chacun doit s’occuper modestement des choses que lui assigne sa vie quotidienne. Celui qui du matin au soir ne parle que de grands projets et d’idées éternelles est suspect ; il considère tout sous l’aspect d’une décision ultime et ne semble pas savoir que l’âme quotidienne, tout comme son entourage, requièrent le petit, l’indispensable sacrifice. Celui qui par ses idées et ses rêves met continuellement en branle la puissance des océans et des étoiles, est « dérangé ». Le fait d’avoir ordinairement un spectacle de grands rêves laisse supposer une dangereuse prédisposition à la schizophrénie. Un puits s’est creusé vers les profondeurs des images archaïques de l’âme. Le pauvre moi pourrait très bien s’y laisser précipiter par imprudence et ne plus jamais revenir à la surface !

Pour l’homme simple, celui qui n’a ni une haute spiritualité, ni une conscience constamment en éveil, par ailleurs solidement ancré dans le monde des réalités et menant une vie active, les grands rêves constituent un danger manifeste. Ce danger consiste dans le fait d’être arraché à l’univers quotidien ; il n’y a pas délivrance mais au contraire précipitation dans un monde mythologique qui interrompt le rapport de l’homme d’avec sa tâche réaliste, d’avec des occupations quotidiennes par conséquent trop absorbantes. Si nous voulions nous exprimer par une figure technique, nous dirions, : les grands rêves sont des accumulateurs pour courant à haute tension ; pour certaines personnes donc : « défense de toucher, danger!» Celui qui s’approche d’un tel danger est généralement averti par une série de rêves moins importants, car l’âme ne peut pas avoir l’intention -toute gratuite de déraciner la vie d’un individu.

Normalement les grands rêves sont rares. Mais moins rares sont les rêves dans lesquels des contenus conscients s’emboîtent avec des contenus symboliques. Le symbole éclaire les événements actuels et ces événements rapprochent à leur tour le symbole et sa valeur universelle de notre existence personnelle. Beaucoup de ces rêves sont donnés en exemple dans notre exposé, spécialement dans la troisième partie.

Il convient ici de faire quelques remarques au sujet des rêves que font les personnes qui ont une activité créatrice. On admet volontiers que les rêves d’artistes, spécialement ceux des poètes, ,sont plus sublimes que ceux de personnes plus « ordinaires ». Il n’en est pas tout à fait ainsi. Ils ont évidemment quelques grands rêves d’un caractère urgent au moment où la poussée créatrice devient réalité, mais par
ailleurs ces rêves ne leur arrivent pas plus souvent qu’à tous ceux qui se trouvent dans une période décisive de leur vie. Ce sont les rêves tirés de leur imagination qui font la spécificité de leur art, rêves qui sont loin d’être uniquement nocturnes. Mais lorsque les rêves forment le contenu d’une poésie, comme par exemple chez les romantiques, ce sont alors des fantaisies nocturnes qui sont tirées d’un fonds psychique qui est commun à tous. Le poète travaille alors ces images et les présente finalement sous la forme d’une ?uvre dont le langage est étincelant et finement ciselé.

Personne ne supposera que l’essai ci-contre tiré des « Rêves du pays natal » dans « Henri le Vert » de Gottfried Relier soit une fidèle reproduction d’un rêve du poète; mais personne non plus ne soutiendra que cette vision si émouvante du retour au pays natal soit une pure construction de l’esprit. Ces « rêves » sont bien plutôt l’intime et merveilleuse unité d’une imagination consciemment dirigée, avec ce flux d’images qu’amène sans cesse le psychisme dans ses matérialisations nocturnes.
« Depuis que je ne faisais plus travailler pendant le jour mon imagination et son habituelle faculté de création, leurs énergies commençaient à se mouvoir pendant le sommeil avec une étonnante autonomie et se mettaient à créer avec une apparente logique une agitation tumultueuse dont les couleurs et les formes étaient de la plus grande variété. Tout comme me l’avait prédit ce maître insensé mais professeur expérimenté, je vis en rêve tantôt la ville natale, tantôt4e village merveilleusement transfiguré sans jamais pouvoir y pénétrer, ou lorsque j’y fus enfin, me réveillant tout à coup, déçu… Lassé, je recherchai de nouveau le sommeil et retombai d’ailleurs aussitôt dans l’activité fébrile des rêves. Je me rapprochai de la ville où se trouvait la maison natale par des chemins étranges, suivant de larges fleuves dont chacune des vagues portait un rosier de sorte qu’on vit à peine le scintillement des eaux à travers cette forêt mouvante. Sur la berge, un paysan labourait avec une charrue dorée tirée par des b?ufs blancs comme le lait et sous les pas desquels poussaient de grands bluets. Le sillon se remplissait de grains d’or que le paysan, qui conduisait la charrue d’une main, puisait et lançait largement en l’air avec l’autre main, ce qui les fit retomber sur moi en une pluie d’or… »

Toutes les etudes sur le theme des rêves


Les plantes – les fleurs – les fruits



Rêves d’animaux



La mort



L’eglise et les cultes



Formes et valeurs



L’argent



Musique du rêve



Images – Livres – Thêatre – Cinema



Justice interieur



Rêves d’école et d’examens



De la guerre et des soldats



Les dangers


Chemin de la vie et son orientation


Paysage du rêve


Monde des astres


Rêves de nombres


Vehicules et institutions accessoires


La maison et ses differentes pieces


Rêves de vêtements


Boissons et aliments


Maladies et blessures


Symbolisme du corps humain


Personnages connus et personnages inconnus


Apres l’interpretation


Interpretation sur le plan subjectif


Interpretation sur le plan objectif


Commentaires et associations


Le texte du rêve


Auto interpretation


Interprete


Le rêveur


Interpretation d’un groupe de rêves


Methode d’interpretation dans la psychologie complexe de Jung


Le rêve dans la psychologie individuelle d’Adler


Psychanalyse de Sigmund Freud


Interpretation des rêves


Rêves favorables – Rêves défavorables


reves-morts


Rêves d’individuation


reves-puberte


Rêves d’enfants


Grands rêves


reve-reveil


Reves de tout les jours


Intentions des rêves


Rêves de reduction


Rêves de situation


Rêve de compensation


Fonction des rêves


Amplificateur


Allégories sexuelles


Expressions populaires


Le symbole


Les archétypes


Langage des rêves


Ce qu’on oublie et ce qu’on retient


Evenement du rêve


L’état d’ame et le rêve


Durée du reve


Rêve et sommeil


Nature des rêves

PARTAGER