Comment envouter ou dÉsenvouter

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COMMENT ENVOUTER OU DÉSENVOUTER

LA PENSEE ENVOUTANTE

Qu’elle attire ou qu’elle scandalise, la magie ne laisse personne indifférent. Blanche ou noire, elle ne connaît que deux pôles : le bien et le mal. Ghislaine Lapeyre qui vient de faire paraître aux Editions Alain Lefeuvre, un ouvrage qui a pour titre « Envoûtements et désenvoûtements » évoque pour notre journal ses réflexions sur l’expérience qui est la sienne, après quelques années de pratique dans son cabinet professionnel.

La définition la plus courante de l’envoûtement est celle qui met en exergue « la soumission d’un être à la volonté d’un autre être ». Or, si elle est globalement exacte, il n’est pas tenu compte d’un autre facteur à mon avis extrêmement important : l’auto-envoûtement.

Un journaliste de mes amis, qui avait toujours fait du bon travail, voyait sa carrière se dérouler dans une monotone grisaille. Il fallait un choc, un éclat, une action brillante, pour déclencher en sa faveur un courant fort le portant à la fois au succès, à la fortune et au sommet de sa carrière. A chaque projet qu’il formait, il exposait ses idées avec élan, enthousiasme et l’espoir brillait sur toute sa personne. Et après quelques heures, il n’en voyait plus que les inconvénients et les difficultés. Et puis, s’il mettait le projet en route, tous ces inconvénients et toutes ces difficultés dépassaient son enthousiasme, l’ensevelissaient sous un vrai « terril » de scories et il disait : « Ça y est ! C’est raté. Je suis certainement victime de l’envoûtement d’un rival ! ». On eût cherché en vain le sorcier responsable car il était en lui-même.

C’est pour cela qu’on ne sera jamais trop réservé pour attribuer certains faits, inexplicables soient-ils, à un envoûtement.

Une fois reconnu et écarté l’auto-envoûtement, proche parent de l’auto-suggestion, disons qu’il existe un moyen élémentaire d’envoûtement : la télépathie. C’est la transmission à distance d’une pensée nettement exprimée dans l’esprit de la victime. Les théoriciens de la magie l’appellent « envoûtement de pensée ».

Dans cette sorte d’envoûtement, il y a peu de technique et encore moins de rituel: mais il exige une puissance de projection qui se rencontre rarement.

Pour réaliser un envoûtement par la pensée, qu’on appelle plus simplement l’envoûtement de pensée, on procède de la manière suivante :

L’opération exige avant tout un puissant effort de volonté. Pour utiliser ce procédé, on devra donc commencer par un entraînement particulier. C’est une éducation de la volonté et aussi de la manière de concentrer cette volonté pour la projeter ensuite très exactement sur le but qu’elle doit atteindre. Cette méthode mérite d’être exposée ici en détail, non qu’on souhaite encourager la pratique de l’envoûtement, mais parce que la même méthode est utilisée pour le désenvoûtement. Il est donc parfois bon de la connaître.

On commencera par augmenter les limites de l’activité consciente. Cela veut dire qu’on évitera le plus possible les automatismes. Il y a donc lieu de contrôler chaque mouvement, tel que la marche, l’équilibre, la respiration, les mouvements des yeux, tous mouvements auxquels nous ne pensons plus parce qu’ils sont devenus automatiques. Pour réaliser cette sorte d’entraînement, il faut avant tout décider d’une discipline et s’y plier. Et d’abord déterminer une heure précise pour le travail et s’y conformer. Cette heure devra être définitivement réservée à un exercice : ce n’est qu’ainsi qu’on écartera de son esprit toutes les préoccupations secondaires.

Comme on détermine le but et l’heure d’exercice, on détermine également l’endroit où s’y livrer. Ce devra être toujours le même. Il est préférable de le garder secret, et il n’y a que vous qui puissiez y pénétrer.

Il faut aussi un vêtement réservé à ces exercices. Le plus simple est un peignoir blanc, par exemple un peignoir de bain. On s’installera donc à l’heure choisie sur un siège confortable et on se tiendra très détendu, les mains pendantes et assis face au nord.

Ainsi installé, on amènera volontairement en soi un calme conscient en faisant quelques respirations profondes sans excès. Toute la pensée sera concentrée sur la respiration.

Le calme installé en vous, chassez toutes les images de votre pensée et créez un écran parfaitement noir que, mentalement, vous débarassez du moindre point coloré.

Puis vient l’opération de visualisation: visualiser, c’est voir par la pensée, mais voir nettement, pas seulement songer vaguement. L’image doit être très vivante.

Cette deuxième partie est liée directement au développement de l’imagination.

L’exercice va consister à créer intellectuellement une image très concrète, puis de s’habiter à voir cette image se modifier comme on veut. Quand on sera en mesure de le faire, on pourra visualiser la personne à envoûter. On lui adressera mentalement la parole et on fera réagir l’image comme réagirait la personne: ce travail doit se reprendre jour après jour jusqu’à ce que l’image visualisée de la personne réagisse selon le désir mentalement exprimé.

Chaque séance ne doit pas excéder une heure, sous peine d’épuisement de celui qui s’exerce et – ce qui est essentiel – elle doit être suivie d’ablutions et du changement total de pensée, sous peine de tomber dans l’obsession.

Il est recommandé de faire ces émissions de pensée la nuit, après minuit, pour atteindre le sujet à un moment où il se trouve sans défense. L’effet en sera plus rapide et plus précis. De plus, il est également bon de savoir où se trouve la victime, afin de concentrer la force sur un point topographique bien déterminé et non dans un espace abstrait. Si au cours de la journée on a pu toucher physiquement la personne visée, l’effet sera plus fort. On comble cette lacune en tenant dans la main, pendant l’opération, un objet lui ayant appartenu.

Il va de soi que ces opérations exigent de l’opérateur un régime alimentaire net, simple, régime le plus propre à lui apporter le calme et la force intérieure.

Cette clé de la sorcellerie traditionnelle est à utiliser avec prudence et précaution. Faites-en bon usage !

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