Mythologie

1774

Déesse grecque de la Raison, des Sciences et des Arts, assimilée à la Minerve romaine.
Athéna joue un rôle primordial dans la mythologie grecque. Alors que les autres dieux ont tendance à prendre les mortels pour des jouets, Athéna est la seule déesse qui cherche à enseigner aux hommes les savoirs qui leur permettront d’avancer dans la civilisation, qu’il s’agisse de savoir-faire ou de façons de se conduire. Elle est ainsi à l’origine du tribunal athénien de l’Aréopage (Eschyle, les Euménides), et elle est l’inspiratrice des arts et des plus glorieuses réalisations des hommes.

Les origines de la déesse Athéna est peut-être une ancienne déesse minoenne, dont la fonction était de protéger le palais et qui avait, pour animal de prédilection, le serpent. On retrouve ce dernier dans les représentations d’Athéna, dont le tablier (l’égide) est orné de serpents. Selon Hérodote, «le costume et l’égide qu’on voit en Grèce aux statues d’Athéna sont inspirés des vêtements des Libyennes, bien que le costume des Libyennes soit de peau, et la frange de leur égide faite de minces lanières de cuir au lieu de serpents» (l’Enquête).

Selon la Théogonie d’Hésiode, Zeus prend pour première épouse Métis ; cependant, le roi des dieux, informé par Gaïa, craint d’être, comme son père, détrôné par ses enfants ; aussi, au moment où Métis va donner naissance à Athéna, Zeus la trompe et l’avale. Un jour que Zeus souffre d’une horrible migraine, Héphaïstos lui fend le crâne et Athéna en sort tout armée. Selon certains, cette naissance se produit en Libye, près du lac Tritonis.

Les principaux mythes Jeune encore, Athéna est éduquée par son amie Pallas, fille du dieu Triton. Mais un jour qu’elles luttaient ensemble, Pallas aurait blessé Athéna si Zeus n’avait placé devant elle l’égide avec la tête de Gorgone. Pallas recule alors, mais Athéna, ne parvenant pas à arrêter son geste, la blesse mortellement, de façon involontaire. Profondément attristée, Athéna décide alors de placer le nom de Pallas devant le sien, et se fait désormais appeler Pallas-Athéna.

Le rôle joué par Athéna dans la mythologie grecque l’amène à lutter contre les dieux jaloux de leurs prérogatives de mages. En faveur d’Athènes et des Argonautes, elle s’engage dans de nombreux duels. On peut citer, entre autres, celui qui l’oppose à Poséidon ; ce dieu, usant de sa force magique, avait donné à Phaéton, héros mythique, le cheval, mais c’est Athéna qui lui procure le mors et les conseils permettant de le domestiquer. C’est encore elle qui donne son nom à Athènes : en compétition devant les autres dieux avec Poséidon pour offrir à la ville ce qui lui serait le plus utile, Poséidon fait apparaître un lac salé sur l’Acropole (ou un cheval selon certains), tandis qu’Athéna fait jaillir un olivier, dont elle explique la culture aux hommes, et elle l’emporte ainsi sur Poséidon.
Elle aide Héraclès dans certains de ses travaux, et participe à l’expédition des Argonautes en donnant les plans de l’Argo et en dotant le vaisseau d’une proue douée de la parole, qui avertit les navigateurs des dangers et guide le navire — ce qui correspond sans doute au gouvernail. Vexée de n’avoir pas été désignée par le Troyen Pâris comme la plus belle des déesses face à Aphrodite et Héra, elle prend parti pour les Achéens en guerre contre Troie ; dans l’Iliade, elle modère la fureur des héros, les encourage au combat et les réconforte lorsqu’ils sont blessés, et c’est encore elle qui met de l’ordre dans l’armée des Achéens ; elle est particulièrement proche d’Achille et d’Ulysse, qu’elle aide à regagner Ithaque après la prise de la ville (Odyssée). Elle rend aveugle Tirésias, qui l’a surprise nue, mais, plus généreuse que les autres dieux avec les mortels, elle lui offre en contrepartie le don de prophétie.
Sa volonté de rester vierge est illustrée par une histoire qui met en scène le dieu boiteux, Héphaïstos. Athéna, voulant lui faire fabriquer des armes, se rend un jour à la forge d’Héphaïstos, mais celui-ci, trompé par Poséidon, croit qu’Athéna n’a d’autre désir que son amour. Héphaïstos tente de s’unir de force à la déesse, qui le repousse, sans avoir pu l’empêcher de lâcher son sperme sur sa cuisse. Athéna, dégoûtée, s’essuie avec un morceau de laine qu’elle jette sur la terre, fécondant ainsi Gaïa. De cette fécondation involontaire naît un garçon, Érichthonios, que recueille Athéna ; il devint, selon la tradition, l’un des premiers rois d’Athènes et institua les Panathénées en l’honneur de la déesse.

Un rôle civilisateur essentiel
Athéna représentait pour les Grecs une divinité primordiale ; elle patronnait les arts et les sciences, et présidait à la vie politique ; surtout, elle veillait, avec le concours d’autres dieux, à l’accomplissement de la cité, en fondant son existence et celle de l’homme sur la confiance dans la pensée rationnelle et la mêtis (synthèse de sagesse, de prudence et de ruse dont le personnage d’Ulysse est l’exemple le plus classique), beaucoup plus que sur la croyance en la suprématie toute-puissante du surnaturel. On la vénérait dans toute la Grèce, à Argos, à Sparte, à Épidaure, ainsi qu’à Troie, et surtout à Athènes, cité à laquelle elle avait donné son nom. C’est à Athènes que l’on célébrait en son honneur les Grandes Panathénées au cours desquelles on promenait en grande pompe le péplos, un vêtement de tissu magnifiquement brodé destiné à la statue d’Athéna — les Petites Panathénées étaient célébrées chaque année, les Grandes Panathénées tous les quatre ans, avec diverses épreuves physiques et un concours de musique ou de poésie. C’est encore à Athènes qu’était conservé le Palladium (en grec Palladion), vieille idole en bois ramenée de Troie et représentant Athéna sous les traits de Pallas («jeune fille» en grec) — le Palladion désignait également un sanctuaire de la déesse où siégeait un tribunal.
Comme certains héros, et contrairement à d’autres dieux majeurs comme Zeus, Poséidon, ou encore Héra, Athéna offrait aux hommes la possibilité de prendre en main leur destin en usant de leur propre intelligence et des informations fécondes et utilisables qu’elle leur garantissait. La déesse représentait ainsi, dans l’évolution de la Grèce antique, la pensée moderne et la diffusion de l’intelligence. Cette transmission générale de l’information devait avoir pour conséquence de modifier l’évolution de la cité et de ses structures politiques : de nouvelles fonctions furent créées lorsque fut communiquée la connaissance de techniques de nature divine, jusque-là détenues par un très petit nombre de mortels — les forgerons, par exemple. Athéna donne en effet aux hommes des instruments aussi divers que le joug ou la flûte, le char de guerre et le navire ; c’est elle qui leur enseigne la poterie et le tissage, y compris avec des motifs complexes. Elle présidait aux assemblées de nombreuses cités, et elle était l’inspiratrice des orateurs.
Athéna possédait une autre qualité caractéristique : sa dualité de femme guerrière et de femme vierge (en grec parthénê) représentait, pour la cité, le symbole de l’éphèbe citoyen, puis du citoyen hoplite — la virginité de la déesse symbolisait sans doute également l’invincibilité des cités grecques. Raffinée, cultivée, sage, dynamique, Athéna était ainsi la déesse type de la cité démocratique. Dépassant son statut de femme en faisant en quelque sorte vœu de chasteté, elle incarne l’homme parfait, le citoyen, à l’image de la démocratie et de l’intelligence guerrière. Elle s’opposait par là à une autre série de divinités, dieux de la guerre et non de l’intelligence guerrière, tel Arès, dont le culte était surtout établi à Sparte ; en effet, déesse guerrière, Athéna est supérieure à Arès, qu’elle vainc en combat par exemple dans l’Iliade, car elle a une vision plus profonde de la stratégie.
Enfin, elle prit la place des dieux thaumaturges et ne céda la sienne qu’à une multitude de petits dieux mis à la mode par l’astrologie et à la faveur de la confusion idéologique qui suivit l’âge d’or des cités grecques.

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